Si Street Fighter et The King of Fighters resteront à jamais les séries phares du jeu de baston, il serait dommage de les considérer comme les seules à procurer du plaisir à leurs joueurs. Pour preuve, en 1997, Capcom publiait l’excellent Rival Schools: United by Fate sur les bornes d’Arcade nippones. Un an plus tard, un portage débarquait sur les PlayStation du monde entier, en même temps qu’un certain Tekken 3, qui n’en a fait qu’une bouchée. Parce que la guerre des écoliers n’a pas été assez dévastatrice face à un Namco conquérant, une petite analyse s’impose.
Le principal reproche que l’on puisse faire aux jeux de combat récents comme poussiéreux, ce sont leurs scénarios insipides reposant toujours sur les mêmes schèmes. Fin de siècle. Alors que Jin Kazama traque le dieu du combat Ogre tout en collant une raclée à son papy Heihachi dans le best seller de Namco, Rival Schools est un pied de nez fait aux scénaristes de la concurrence. Ici, pas de démons humanoïdes et de rondins de bois imitateurs, juste des étudiants et des professeurs des écoles qui n’ont qu’une seule envie : se castagner et protéger la réputation de leur établissement. Du coup, Capcom n’a eu aucun scrupule à injecter une ambiance des plus déjantées et à en faire une parodie évidente des mangas japonais, un risque qui n’est que trop rarement pris dans la saga Street Fighter.
Rival Schools propose une large palette de personnages mémorables, au style et aux compétences uniques, la déjà populaire Sakura mise à part. Des professeurs sournois aux intellectuels à lunettes en passant par les sportifs décérébrés et les junkies pleins d’arrogance, toutes les catégories sociales sont représentées à travers la bonne trentaine de combattants au style vestimentaire volontairement sujet à moqueries. Ces joyeux lurons auront tout le plaisir de combattre par équipes de deux, permettant ainsi l’exécution de coups spéciaux complètement fous en duo. Bon point : chaque combinaison de personnages promet de nouveaux enchaînements, ne trahissant ainsi pas la diversité des attaques que j’évoquais plus haut. En résulte un gameplay intuitif et terriblement fun, pari rarement gagné quand la troisième dimension vient se mêler aux combats. Oui mais…
Malheureusement, après un long temps de chargement, ce qui aurait pu être un superbe spectacle en 2D devient une triste bouillie de pixels en 3D. Bien que reconnaissables, les modèles ont été façonnés à la truelle, constat que l’on faisait déjà à l’époque. Il faudra donc faire abstraction des triangles, des collisions hasardeuses et du clipping régulier pour apprécier le titre à sa juste valeur. Ceci fait, enchaîner les combos et les « team up techniques » devient une partie de plaisir, rendant la course aux nouveaux challengers plus agréable. Rival Schools ne brille sûrement pas par sa technique mais par son cachet et la classe inoubliable d’une bonne partie de son casting. Il ne tient plus qu’à Capcom de renouveler l’exploit une troisième fois, Project Justice sur Dreamcast suscitant lui aussi de sacrées tranches de rigolade.