Test de Professeur Layton et le masque des miracles

Ma fascination pour le Professeur Layton est difficile à expliquer, tant il s’agit d’une série grand public, tout ce qu’il y a de plus accessible. La recette maintenant bien huilée, mêlant saveurs fantastiques et inspirations européennes sur fond de sauce japonaise, y est sûrement pour beaucoup. C’est avec intérêt et impatience que j’attends chaque automne la nouvelle enquête préparée dans les cuisines de Level-5. Cette année, Hershel et Luke entrent dans une nouvelle dimension pour une cinquième aventure à emporter.


Avec Professeur Layton, Level-5 s’impose chaque saison un cahier des charges strict et ambitieux. Dans L’appel du spectre, le joueur faisait un petit bond dans le passé pour assister à la touchante rencontre entre Hershel et son jeune apprenti. Cette fois, les scénaristes osent s’attaquer aux années lycée du professeur, à une époque où l’archéologie et les hauts-de-forme ne l’excitent pas le moins du monde. On y fait notamment la rencontre de Randall, ami d’enfance bourré d’enthousiasme, croisement entre Indiana Jones et Lara Croft. Ensemble, lors d’une expédition, ils feront la découverte d’un mystérieux masque, qui reviendra quelques années plus tard avec son porteur hanter la ville de Dorémont, où Layton retrouvera non sans une certaine émotion ses connaissances d’antan. Ces deux temporalités rendent la narration particulièrement passionnante : chaque avancée dans l’enquête est suivie d’un plongeon dans les souvenirs du professeur, dix-huit ans plus tôt. Présent, passé, et toutes les rencontres singulières qui en découlent éclipsent assez intelligemment le manque de diversité des environnements qui rendait les premiers épisodes si dépaysants. Cette intimité avec Hershel et l’importance donnée à l’apprenti Luke et l’assistante Emmy sont aussi une douce transition à quelques mois de la retraite vidéoludique murmurée de l’homme au chapeau.

Le passage en 3D était ma principale inquiétude à l’annonce de ce nouveau projet. Comment une série aussi belle et inspirée sur deux plans pouvait accueillir une troisième dimension sans perdre en qualité ? Il faut bien admettre que le résultat est tout à fait brillant, notamment parce que la direction artistique est restée intacte et fait une fois de plus des merveilles sur les deux petits écrans. Les phases d’exploration gagnent en profondeur, et bénéficient de quelques mouvements de caméra fluidifiant les recherches d’indices, de pièces et d’objets. On peut même maintenant s’infiltrer dans quelques recoins, et interagir avec le décor sans avoir à agiter le stylet frénétiquement. Les énigmes, moins statiques, s’habillent d’un léger relief visuel et de nouvelles mécaniques donnant un nouveau souffle au travail d’Akira Tago. Saluons au passage l’ensemble de la traduction, complexe et conséquente, toujours très soignée et pourtant si souvent passée sous silence. À l’écran, si le choix du cel-shading dans la représentation graphique des personnages est regrettable, la faute à des traits manquant de finesse, il est vite oublié grâce aux nombreuses séquences animées aux dessins d’une qualité incroyable. Et comme d’habitude, les musiques authentiques et les doublages français impeccables font très bonne impression. La difficile transition est réussie, le résultat est splendide. Quel plaisir !

Bien sûr, les fondamentaux de la série n’ont pas bougé. On retrouve dans Professeur Layton et le masque des miracles 150 énigmes de plus en plus complexes et parfaitement intégrées dans la trame scénaristique. Les plus gourmands apprécieront la mise à disposition de 365 énigmes bonus distribuées quotidiennement par Nintendo. De quoi patienter jusqu’à l’automne prochain. Les développeurs ont également eu la présence d’esprit de rafraîchir la série en proposant une ou deux séquences dynamiques à l’image de cette course poursuite à cheval par laquelle débute l’intrigue. Sont aussi présents les traditionnels mini-jeux, amusants quand l’action perd de son intensité : dressage tactile de lapin de cirque, petits parcours de robot inspiré de ChuChu Rocket! et vente stratégique en magasin, trois activités variées et bien pensées. Et que dire de ce donjon dans le dernier tiers de l’intrigue, dans lequel on se tord les méninges au cours d’une série de puzzles grandeur nature ? Un petit hommage à The Legend of Zelda qui pourrait bien donner une nouvelle orientation à la série tant il s’intègre parfaitement dans l’ambiance et la mythologie de Layton. Une vingtaine d’heures passionnantes, pas une minute d’ennui. Encore une véritable leçon donnée par Level-5, qui s’impose décidément comme l’un des studios les plus ingénieux sur console portable. La rencontre prochaine avec Ace Attorney s’annonce explosive !

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